Parmi les transports insolites, Ulisse a importé pour le compte de l’unité Eco-Anthropologie et Ethnobiologie, UMR7206, pas moins de 20 kg de… fèces de bonobo. Ces échantillons, collectés par une ONG locale, soulevaient bien des questions préalables.
En effet, l’objectif de l’unité étant de les analyser à l’arrivée, on ignorait fort logiquement leur composition exacte au départ. Impossible donc de les classer précisément vis-à-vis de la réglementation des marchandises dangereuses au transport. Par sécurité, il a donc fallu procéder à un “surclassement”, dans une catégorie biologique infectieuse, au cas où les prélèvements auraient effectivement été pathogènes.
Ce classement n’est pas sans incidence, car il impose notamment un triple emballage : un récipient primaire hermétique dans un absorbant, un emballage secondaire étanche, et un dernier emballage extérieur rigide (et robuste).
Naturellement, l’étiquetage répond également à des spécifications strictes, d’autant qu’une partie des prélèvements étaient conservés dans une solution de formaldéhyde, qui fait également l’objet d’un classement en tant que marchandise dangereuse au transport.
Nous étions ainsi en contact avec l’ONG qui s’est chargée de la préparation physique du colis, pour vérifier sur photo que l’emballage final était bien conforme (après un premier essai infructueux).
Parallèlement, nous avons échangé avec le laboratoire à propos des formalités d’importation : le passage en douane de ce type d’échantillons nécessite en effet des autorisations du service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP), ainsi que de la direction départementale de protection des populations (DDPP ou DDCSPP) dont dépend l’unité.
Notre rôle est d’alerter sur les démarches obligatoires, mais certaines d’entre elles doivent ensuite être réalisées par le destinataire lui-même. Dans le cas d’espèce, il a également fallu mener des investigations complémentaires pour établir que le permis lié au commerce international des espèces sauvages (CITES) n’était pas exigible.
Cette marchandise très prosaïque, dont on pourrait penser que son transport ne pose pas de difficultés particulières, a donc finalement nécessité un travail d’analyse et de réflexion conséquent avant de pouvoir être transportée.
Fatalement, les contraintes techniques et administratives ont renchéri les délais et le coût. Mais à la lumière de l’exposition médiatique qu’ont connu depuis les zoonoses dans le cadre de la crise du coronavirus, ces précautions apparaissent plus que jamais justifiées.
En savoir plus :Éco-anthropologie (EA) UMR 7206
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